On dit de moi que je suis • attentionné ϟ david ϟanalyste ϟ velu ϟ peter pan ϟ sensuel ϟ cérébral ϟ calme ϟ pervers ϟ chemise retroussée ϟ gentil  ϟ Méchant


Mais au premier abord je suis • Rien ne viendra.
Il aura beau se retourner pour le regarder, Il ne verra là qu'une silhouette athlétique et musclée.
Il n'est pas meilleur que lui. Il n'est pas meilleur qu'eux. Il n'est rien d'autre que l'ombre d'une terreur erronée. Un fardeau que tout adulte fait peser sur les enfants.
Une fois encore, il cherchera seulement à passer son chemin sans chercher à aborder la silhouette athlétique. Un autre le croise en pleine rue et lui confère une haute taille, d'a peu près 1m90, peut-être plus...Il n'est pas bon pour donner des mesures mais une chose est sûre, son passant est grand.
Un autre le rencontre mais il continue sa route, guère rassuré par l'ombre qui ondule tel un miasme inquiétant.
Et rien ne vient.
Lorsqu'il rentre dans un bar, un homme d'un certain âge s'arrête sur les cheveux mi-auburn, mi-flamboyant de l'inconnu, admiratif d'une telle pigmentation. Un autre caresse des yeux les cheveux lisses et presque soyeux de l'orangé. Il fait descendre son analyse visuelle comme on le fait avec la statue David, et scrute les lignes pleines de force du cou de l'incongru. Celui-ci n'est pas affable. On le sent jusqu'ici.
Quand il s'assoit, personne mis à part un étranger le regarde. Il ne le connait pas et pourtant la réputation de cet homme était quelque chose. Vu tel un affreux lion, une bête hideuse, un idiot de prince sans scrupule et superficiel.  Là maintenant personne ne sait qui il est et ne le saura probablement jamais. Mais le physique de cet homme est atypique. Marquant. Frappant.
C'est pourquoi il ne demeure jamais bien longtemps dans ces endroits bondés de monde. Préfère-t-il la solitude à la société ? Ils ne le savent pas. Avant, il aimait retrouver son grand chateau et se recueillir dans sa plus grande solitude, à contempler sa seule et belle amie. Ces charmants petales rosés auréolant le coeur de la fleur.
Qui peut croire qu'il est aimant, doux et attentionné ? Personne. Qui le dit, d'ailleurs ?
Personne, sinon un autre lui.
Cet autre lui, que l'on surnomme Belle, lui a trouvé des qualités indéniables, des qualités qui ont avec le temps évoluées, en mal comme en bien. Les défauts ? Ils ont aussi changés.. comme on change tous.
Cependant, ce qui est ancré en lui serait cette certaine fidélité à  ce qu'il aime.. Fidèle à la perversion, au danger ou bien à l'amour, à la violence. Mais aussi à la bestialité.
Son regard aussi. Belle n'a jamais rien vu de tel qu'une paire de yeux indéfinissable, aux expressions mélancoliques, tristes à en mourir. De ces deux orbes noisettes pénétrants, jamais la vérité n'en sort.
S'il entendait le portrait que tout un chacun dresse de lui, il montrerait ce petit sourire dont lui seul à le secret. C'est malheureusement ce qui fait son charme, on ne sait jamais ce qu'il pense de eux.
Il se lève calmement, épousette sa chemise d'un blanc éclatant et s'apprête à quitter le bar. Mais avant ça, il paie sa consommation avec beaucoup d'attention, ne quittant pas des yeux le jeune serveur. On dirait presqu'il le dévore du regard. Il le remercie dans un langage simple mais poli, puis se retire des paires de prunelles, retrouvant l'inconfort des ruelles de.. Pandora.
Rien ne viendra des questions que tu te poseras sur lui. Il te trouvera, et te répondra...peut-être. S'il le désire.

On apprend aux enfants à distinguer la laideur morale de la laideur physique, à favoriser le rayonnement d’une intelligence, d’un cœur, d’une âme que rend timide un extérieur ingrat.
C'était ce qui était prévu pour la Bête, au nom inconnu. Pour ce prince aux intentions malhonnêtes, aux pensées perverties et à la superficialité déplorable. Il en aura fait souffrir des femmes, plus belles que les joyaux de la nature. Rien n'y fit a part ce très réputé sortilège qui happa l'apparence délicieuse de l'homme pour le transformer en une bête monstreuse. Ainsi, il apprit à s'enliser dans une complète solitude et à ne dépendre plus que de lui-même, quand bien même ses serviteurs tout autant ensorcelés et réduit à l'état d'objet, demeurèrent dans l'ombre du chateau à attendre ses ordres froids et autoritaires.
La bête se rapprochait, au fur et à mesure que les jours passaient, à ce qu'on se faisait d'un animal sans coeur et sans âme. Il ne parvenait plus à offrir à son propre reflet l'illusion d'un ancien homme. Il s'oublia avec le temps, priant encore quelque fois à la venue d'une bonne âme susceptible de l'aimer pour sa .. monstruosité.
Il fit la connaissance d'une très charmante demoiselle à la beauté raffinée. Mais surtout à l'innocence pure et dure. Ce qui amena la bête à rencontrer la Belle. Cette délicieuse enfant au coeur pur et aux intentions pleines de loyauté. Il tomba irrémediablement amoureux d'elle, sans pouvoir le contrôler ; qu'importait l'espoir infime qu'il retrouve sa véritable forme, assuré que jamais Belle ne pourrait l'aimer en retour.
Mais la Bête se montra digne d'un vrai chevalier blanc : plus patient, plus doux, plus compréhensif, et surtout, plus humble avec lui-même comme avec autrui. Grâce à ces qualités qu'il n'avait jamais cherché à entretenir jusque là, la Belle tomba sous son charme et ainsi ses sentiments révelèrent à temps le vrai Prince qui demeuraient depuis trop longtemps en la Bête.
Jusque là... nous connaissions tous ce conte se finissant après un beau bal entre la belle et le prince, amoureux jusqu' à la fin des temps.
Leur amour perdura durant de longues années, le Prince prenant pour compte tout ce qu'il eut appris durant le maléfice pour se montrer bienveillant envers quiconque lui demanderait de l'aide.

Des années plus tard, la Belle s'éteignit, telle une étoile. Son âme ne fut plus, et l'enfant qui demeurait en elle avec. Le Prince fut pris d'un puissant chagrin qui le poussa à se replier sur lui-même, et à s'enfermer de nouveau dans son chateau. Il ne négligea pas néanmoins son personnel, et encore moins les visiteurs qui lui rendirent visite par gage de compassion.
Le poids de sa perte fut si lourd qu'une nuit, il trouva la mort.
On ne sut quelle maladie l'emporta, si ce n'était autre chose. Le chateau sombra. Le personnel agonisa. Avec le temps, on crut à un suicide.
Lui seul le savait.

C'est au réveil de l'octobre dernier qu'il s'est rendu compte qu'l n'y avait plus de chateau, plus de rose et encore moins de Belle.. pourquoi aurait-elle été là, à ce reveil impromptu. ..
Plus de femmes, plus de phéromones, plus de balais, plus de magie. Le monde s'était changé en une dimension hors du temps. Il quitte ce lit inconnu dans lequel il s'est reveillé, et s'adonne à une toute nouvelle analyse des lieux. Enfin.. ce qu'on pouvait considérer de lit n'est en fait qu'un amas de paille sur lequel il avait pris connaissance.
Etrange phénomène que celui-ci. En sortant de ce qui était censé représenter une grange, il découvre au loin la silhouette d'une ville. D'un pas lent, il s'en rapproche comme appelé par elle. Mais pas que... son corps a légèrement changé, constatant d'un simple regard qu'il est plus massif, plus viril. Plus velu. .. La bête gronde en son intérieur, investissant l'enveloppe toute entière du Prince. Plus proche de la ville, il rive son regard sur une pancarte où dessus est écrit "Joaquim Leo".  Et, dix minutes plus tard, un inconnu vient à sa rencontre, en se présentant.
Joaquim nait à ce moment-ci, emprisonné dans les serres d'un destin qui lui echappe.
Il erre.
Jusqu'à trouver une tanière chaleureuse aux allures de maison delabrée, mal isolée et vide. Les semaines passent ainsi. Joaquim prend ses repères et trouve la volonté d'oublier qui il fut auparavant pour devenir un tout nouvel homme. Avec l'environnement actuel, il se voit de toute façon obligé de changer. D'être plus malin, plus retors. Plus curieux, et plus réfléchi.
Il fait la rencontre d'un homme, quelques mois plus tard. Un homme qui lui apprend à voler les informations de tout un chacun. L'optique étant de survivre parmi eux. Il se rend compte néanmoins que, outre le manque flagrant de donzelles, quelque chose dénote de l'habituel. La bête gronde encore en lui et la nuit il lui arrive de se reveiller en sueur, le corps plus robuste que de coutume. Un appetit alors résonne dans ses veines, un appetit qui lui fait froid dans le dos et qu'il ne comprend surtout pas. Ca ne ressemble à rien d'autre qu'à l'envie de baiser tout ce qui bouge, d'assouvir un besoin purement bestial. De prendre, de pétrir et de mordre la chair.
Celui qu'il cotoie devient très vite sa première victime. Il bascule vers ces instincts sexuels jugés malsains et se complait dedans sans en comprendre le sens. Si cela est une nouvelle malediction et comment la combattre.

La bête se réveille de nouveau et prend possession entière de son corps. Joaquim aurait très bien pu penser à prier pour redevenir le Prince qu'il fut, aucune pensée de ce genre gambade pourtant dans son esprit, sinon ses pulsions les plus meurtrieres.
Il comprend enfin.
Belle.
Sa disparition avait fait naitre en lui une rancoeur tellement vivace qu'elle avait dû fusionner avec ce qui fut auparavant sa malédiction. Il sait qu'il peut "invoquer et rappeler" à l'ordre ses instincts les plus sombres, mais la question est de savoir s'il veut désormais agir pour le bien et aimer, ou détruire tout ce qui lui ressemble.

C'est ainsi qu'il perce tout doucement en tant que journaliste indépendant, un métier qui l'incite à se lier aux autres coute que coute.. et à vivre dangereusement. A Pandora.